Par David Du Mercier
Comme l’a souligné Simon Sinek dans un podcast, l’idéologie initiale du capitalisme visait à créer les meilleurs produits pour augmenter les ventes. Cependant, au fil des années, cette vision a évolué vers une quête de profit à tout prix, souvent au détriment de l’éthique. Aujourd’hui, réduire les coûts pour maximiser les marges est devenu la norme, parfois en flirtant avec les limites légales, mais sans considération morale. Par exemple, certaines entreprises procèdent à des licenciements massifs, même lorsque leurs profits sont acceptables, mais inférieurs aux prévisions. Ces décisions, bien que légales, soulèvent des questions éthiques, car ce sont souvent les employés qui paient le prix des erreurs stratégiques ou des prévisions inadéquates.
Dans ce contexte, notre analyse porte sur la consommation de masse pendant les fêtes de fin d’année, en particulier Noël. Ce moment censé incarner le partage et la joie est aujourd’hui dominé par une frénésie commerciale où l’objectif principal semble être d’augmenter le chiffre d’affaires. Le “bling-bling” a supplanté l’esprit de Noël, au point que même le Père Noël aurait du mal à suivre.
Une consommation effrénée
Crédits à tout-va, promotions “dernière chance”, soldes éclairs : tout est mis en œuvre pour pousser le consommateur à acheter, parfois au-delà de ses moyens. À Maurice, avec l’octroi exceptionnel d’un 14ᵉ mois de salaire en 2024, cette tendance est encore plus marquée. Les centres commerciaux de Bagatelle, Phoenix Mall et d’autres zones commerciales voient une affluence record en décembre. Selon les données disponibles, la consommation des ménages pour les fêtes pourrait atteindre 25 à 30 % de leurs dépenses annuelles, contre une moyenne de 20 % dans d’autres périodes de l’année.
Cependant, cette frénésie a un coût. Les ménages mauriciens, déjà confrontés à une inflation moyenne de 7 % en 2024, risquent d’alourdir leur endettement. À titre de comparaison, selon la Banque de Maurice, le taux d’endettement des ménages était de 65 % du revenu disponible en 2023. Cette année, il pourrait grimper à 70 %, alimenté par des crédits à la consommation et des prêts personnels contractés pour les fêtes.
Un Noël ostentatoire
Cette année, le prix n’est plus un frein pour beaucoup. Le 14ᵉ mois et l’augmentation des salaires dans certains secteurs ont boosté le pouvoir d’achat, mais aussi les comportements ostentatoires. Montrer son “lifestyle” sur les réseaux sociaux, en exhibant des cadeaux coûteux ou des repas fastueux, est devenu un objectif implicite pour de nombreux Mauriciens.
Et l’éthique dans tout ça ?
Cette consommation excessive soulève des questions sur l’impact environnemental et social. Alors que Maurice génère déjà environ 14 000 tonnes de déchets électroniques par an, ce chiffre pourrait augmenter après les fêtes, avec l’achat massif de gadgets électroniques et de jouets. Les initiatives comme le recyclage ou le don à des associations restent marginales face à l’ampleur du phénomène.
Alors que Noël devrait être un moment de réflexion, de partage et de gratitude, il est urgent de se demander : sommes-nous en train de sacrifier ces valeurs sur l’autel du capitalisme ?