LA PHOTO QUI TUE

La photo qui tue est loin d’être une photo de jeunesse que nous regardons avec honte en nous disant « comment ai-je pu m’habiller de la sorte ». La photo qui tue est une photo ordinaire qui est instrumentalisé pour nuire à l’image publique d’une personnalité. Pour mieux comprendre la portée destructive d’une simple photo utilisée à mauvais escient, retournons quelques jours en arrière.

Nous sommes le mardi 28 mars 2023 et c’est la grande rentrée parlementaire. La séance débute avec la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition au Premier ministre et s’en suis ensuite le déroulement habituel de la séance parlementaire entre question et réponse.  Jusque-là tout semble aller dans le sens de la routine habituelle.  Mais la guerre des photos commence quand le député Travailliste, Patrick Assirvaden brandit la photo du Premier Ministre en compagnie de Geanchand Dewdanee, un homme qui a été arrêté et ensuite relâché dans une affaire de drogue.

Pendant que le député Travailliste mitraillait le Premier ministre de question, on aperçoit le ministre Ganoo qui tend une photo tels une arme chargé prêt à tirer au Premier ministre. À son tour, le Premier Ministre brandit une photo, celle d’une artiste, ancienne candidate pour le parti politique MMM, en compagnie d’un homme en état d’arrestation pour des soupçons de blanchiment d’argent. Une démonstration parfaite de l’art que maitrise tous les politiciens : Ne pas répondre aux questions en jetant plus gros aux requins assoiffés de sang.

Une photo qui a eu des répercutions bien réelle dans la vie professionnelle de l’artiste. Elle a posté une vidéo depuis son compte Facebook pour dire qu’elle a perdu des contrats de travail car son nom et son image fut associé à un criminel présumé. Ces employeurs ne veulent pas courir le risque de nuire à leur image par leur association professionnelle. Une photo tout à fait ordinaire qui ruine la vie d’une femme : la photo qui tue.

Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’une photo est prise hors de son contexte pour décrédibiliser un adversaire. Le but en partageant une photo de ce type est simple : manipuler l’opinion publique à son avantage. Nous vivons dans une ère où des bonnes photos et vidéos valent de l’or car elles permettent de donner le coup de grâce médiatique. Cet effet d’influence de l’opinion publique est décuplé avec la surexposition du public aux réseaux sociaux.

On peut arriver à la conclusion que la solution est de ne pas prendre de photo avec les gens que nous ne connaissons pas vraiment. Cependant, c’est un luxe qu’une personnalité publique ne peut se permettre car pour rester dans la conversation médiatique sur tous les fronts, elle a l’obligation de se laisser prendre en photo. Évidemment, le dilemme est de connaitre le passé et le futur de celui qui souhaite prendre la photo. Une chose impossible car une fraction de seconde ne suffit pas pour faire des recherches approfondies.

Cependant, nous ne disons par qu’il ne faut absolument pas croire à la vérité que montre une photo mais qu’il est plus judicieux de nous poser quelques questions, notamment :

– Les actes de celui qui souhaite prendre une photo sont tels la responsabilité de la personnalité publique ?

 – Une photo entre deux personnes dont l’une d’elle une criminelle, rend de facto l’autre aussi coupable d’actes qu’elle n’a jamais commis ?

– Comment connaitre le passé ou le futur criminelle d’une personne qui souhaite prendre une photo avec nous ?


Notre analyse nous amène à la conclusion que nulle ne peut être tenu responsables des actes passés ou futurs d’une personne avec qui il prend une photo, si il n’a évidemment par les moyens nécessaire d’avoir des informations qui puissent le guider.

Malheureusement, la voie de la raison n’est pas la voie qui permet de contrôler, manipuler et façonner l’opinion publique à son avantage. Une photo compromettante avec la bonne question aura l’effet d’une bombe nucléaire dans la sphère médiatique.

Le jeux d’échec a déjà commencé et il ne saurait tardé que d’autres photos et montages vidéos viennent jeter de l’huile sur le feu.

La Rédaction