Par David Du Mercier
« L’alliance du peuple va vers une grande défaite »
Voilà les mots de l’ancien Premier ministre et leader de la coalition MSM-PMSD, Pravind Jugnauth, qui a concédé la victoire à la démocratie lors des élections générales du 10 novembre 2024 à l’île Maurice.
Pravind Jugnauth ne portait plus l’assurance de ses jours de gloire, marqués par une décennie de règne gouvernemental. Ce jour-là, le soleil s’est couché sur le parti « Soleil » pour se lever sur un autre homme. Cet homme, jadis déchu par le peuple, a connu une renaissance grâce à ce même peuple : Navin Ramgoolam. Celui que l’on surnomme “le lion” a mené « l’alliance du changement » à une victoire historique : 60 élus dans les 21 circonscriptions, sans un seul siège pour l’opposition. Un 60-0 vécu comme une gifle infligée par le peuple à l’ancien gouvernement.
Cette victoire a été accueillie comme une bouffée d’air frais après des années d’étouffement. Les élections ont été l’occasion pour le peuple de se venger d’une coupure générale d’internet et des fuites de conversations embarrassantes de nos dirigeants. Ces fuites ont remis en question leur crédibilité, dévoilant des propos blessants envers toutes les communautés du pays ainsi que des actions que certains qualifieraient de « crimes en bande organisée », dignes du grand banditisme… mais en costards-cravates.
La voix du peuple est une force inarrêtable lorsqu’il est uni. Cette unité est née de la colère : une colère noire contre le gouvernement sortant, qui a affiché une arrogance démesurée tandis que le peuple peinait à survivre. Navin Ramgoolam a incarné cette colère, devenant le porte-voix d’une nation qui voulait voir tomber ceux qui se croyaient intouchables. Tel un “Messi”, il a porté au sommet des institutions le cri du peuple. Après une décennie dans l’ombre, il revient au pouvoir avec la promesse de façonner une île Maurice meilleure pour tous.
Un « feel good factor » traverse aujourd’hui le pays, avec un sentiment de liberté retrouvé. Cependant, la vigilance reste de mise. Cet instant d’euphorie pourrait s’effacer, laissant place à la lassitude, puis à l’ennui. Être à l’écoute du peuple, c’est être présent chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde. C’est s’effacer soi-même pour vivre et ressentir ce que ressent ce peuple modeste. S’engager en politique, c’est accepter les sacrifices que cela implique.
Une nouvelle ère s’ouvre sur l’île Maurice, porteuse de l’espoir de jours meilleurs.